COMMENT GÉRER AU MIEUX SES ÉMOTIONS OU …  « QUAND LA COLÈRE S’INVITE SUR VOTRE LIEU DE TRAVAIL »

par | 10 Mai 2022

Cette histoire vous parlera certainement … J’étais en réunion, comme chaque semaine. Jusque-là, rien de plus « normal ». Une collègue prit la parole. Excédée par certains dysfonctionnements survenus quelques jours plus tôt, elle entreprit d’exposer les faits dysfonctionnant. L’objectif était de faire prendre conscience à la direction qu’il fallait que les choses changent. L’émotion montait en elle : l’agacement … la colère … C’était palpable dans l’air, mais aussi dans sa communication verbale et non verbale. Je me rendis compte que la colère commençait à déformer (involontairement) certains faits cités. Nous perdions en objectivité. L’agressivité prenait de plus en plus de place dans cette intervention.

L’émotion me submergea à mon tour et la tristesse s’invita à ma table. Je pris alors la parole pour apporter quelques précisions factuelles.

Puis, l’émotion étant trop grande, il m’a fallu choisir : faire taire ce que je ressentais pour rester en réunion, ce qui allait me coûter une somatisation à coup sûr …  Ou bien écouter l’émotion qui se présentait, et faire ce qui me semblait le plus juste et le plus respectueux pour moi-même à cet instant. Après une première hésitation, je choisis de sortir de réunion et d’aller pleurer dans mon bureau. Une fois la tristesse évacuée, je pus alors débriefer avec certains collègues ainsi que ma direction pour faire évoluer la situation.

Quelque chose me dit que cette situation vous est familière. Peut-être pas trait pour trait, mais globalement. Il me semble qu’il nous est tous arrivé au cours d’un échange, d’une réunion … de ressentir la colère de l’autre et de ne pas savoir quoi en faire ou de se sentir submergé à notre tour par des émotions.

Dans cet article, nous allons donc parler des émotions au travail et plus particulièrement de la colère. Pourquoi la colère apparaît-elle et comment la transformer ? Quelles sont les bonnes pratiques pour délivrer de manière constructive un message ? J’espère que ces clés vous parleront comme elles m’ont parlé et apaisé. N’hésitez pas à laisser un commentaire pour échanger à ce sujet ou éclaircir un point. Je vous souhaite une bonne lecture.

poings qui se touchent pour symoliser le travail collaboratif

EXPRIMER SES ÉMOTIONS

 

 

 . Parlons de ce qui nous dérange .

Notre première mission, si nous l’acceptons, est de signaler au travail les dysfonctionnements que nous constatons. Mais pas n’importe comment … Car oui, si nous voulons que les choses changent, nous sommes les acteurs de terrain qui avons ce pouvoir.

OK me direz-vous … Facile à dire … Peut-être moins à faire …

Au fond, qu’est-ce qui nous freine vraiment ? Qu’est-ce qui nous empêche de signaler ces dysfonctionnements ?

Comme dans cet exemple, l’un des freins peut être la colère. Lorsque l’on constate un dysfonctionnement, cela peut nous agacer, nous mettre en colère voire dans certains cas, nous rendre carrément furieux. L’intensité de l’émotion dépend bien entendu de chacun et de sa propre capacité à accueillir et gérer ses émotions, mais dans certains cas elle est aussi liée au degré de répétition.  Si une problématique ou un dysfonctionnement se présente de manière répétitive, ou si le sujet a déjà été abordé au sein de la structure, mais qu’aucune solution n’a été trouvée ou mise en place, la personne peut vite ressentir une colère très intense, et ce à la moindre anomalie.

 

. À quoi sert la colère ? .

La colère est une émotion, et comme toute émotion elle est une information, un indice. Elle n’est ni « bonne » ni « mauvaise ». Son rôle est de nous signaler que quelque chose ne nous convient pas. Elle pointe du doigt une limite qui a été atteinte et nous invite à répondre à nos besoins et à prendre soin de nous, en changeant quelque chose à la situation que nous vivons. Plus simplement, la colère nous incite à nous respecter davantage … à nous aimer davantage (je sais, ça fait un peu bisounours, mais en même temps c’est tellement vrai).

Car si nous nous respectons davantage … nous respecterons davantage les autres.

La colère n’est donc pas à diaboliser (je ne suis pas en train de dire qu’on peut crier sur tout le monde, à bon entendeur). Elle n’est pas malsaine et il est normal de la ressentir. Les conséquences « positives » ou « négatives » dépendent surtout des comportements que nous allons adopter à partir d’elle. Et nos comportements dépendent notamment du moment où nous allons exprimer notre mécontentement, frustration ou désaccord. Car selon le moment et l’intensité de ce que nous ressentons, nous serons plus ou moins calmes.

Il est important tout d’abord, de reconnaître la colère quand elle se présente.

La colère s’intensifie lorsque nous nions son existence, lorsque nous ne l’écoutons pas suffisamment ou que nous n’actionnons rien en réponse et faisons comme si de rien n’était. Pourtant, une limite est atteinte, un besoin demande à être nourri, sinon elle ne serait pas là. Il est donc de notre responsabilité d’écouter le message de la colère et d’en accuser réception.

Pour illustrer cela, j’aime beaucoup la métaphore d’Art Mella dans sa BD Émotions, enquête et mode d’emploi : « C’est comme si la colère (ou toute autre émotion d’ailleurs) était une personne qui venait frapper à notre porte et que, pour diverses raisons, nous ne l’entendons pas … ou bien nous décidons, plus ou moins volontairement, de ne pas lui ouvrir la porte … pour ne pas prendre le message qu’elle a à nous transmettre. »

À ce stade, a priori, nous comprenons qu’il vaut mieux s’exprimer rapidement quand la colère commence à pointer le bout de son nez, autrement on perd le contrôle.

 

Alors pourquoi évitons-nous de nous exprimer lorsque nous nous sentons agacés ? Sous peine d’être énervé et nous mettre en colère ?

L’une des principales raisons, à mon sens, se trouve dans la perception que notre société occidentale a de la colère.

Dans l’inconscient collectif, exprimer sa colère est perçue comme quelque chose de négatif. La personne devient systématiquement « méchante » ou immature. Nous pouvons vite nous sentir coupables de ressentir et exprimer cette émotion et très souvent personne ne nous a vraiment appris quoi en faire. Nous avons donc tendance à la réprimer. Mais la conséquence est inlassablement la même : une émotion refoulée s’exprime de plus en plus fort … pour nous obliger de l’entendre !

Et si, malgré son intensité et sa présence croissante, nous persistons à être « sourds », l’émotion va chercher du renfort auprès de notre corps … Tensions …  Crispations … Douleurs … Inconforts … jusqu’à ce qu’on l’écoute. Bien sûr, dans certains cas plus extrêmes où l’émotion n’est jamais évacuée et qu’elle partage inlassablement notre quotidien, la maladie, le burnout ou la dépression peuvent s’installer.

Il est vrai que plus l’émotion frappe fort à notre porte, plus on a peur de lui ouvrir ! On peut se sentir dépassé, incapable de la gérer sans être dévasté ou avoir des comportements inadaptés, voire inacceptables. D’où l’idée première : celle de lui ouvrir rapidement … Et de se faire accompagner si cela est nécessaire par un thérapeute.

De mon expérience, lorsque l’on écoute les premiers signes d’un agacement et qu’on y apporte une réponse respectueuse, l’émotion part d’elle-même, car elle a accompli sa mission : nous aider à répondre à nos besoins.

Et puis, la colère a tout de même un avantage indéniable : elle fait remonter à l’intérieur de nous suffisamment d’énergie pour nous mettre en action, dire « non », dire « stop » et défendre notre positionnement. Pour cela, on peut même la remercier …

 

4 pions en bois representant émotions

Les étapes clés pour se libérer de ses émotions

 

 

. Conseils pour exprimer sainement sa colère  .

Avant toute chose, il est important de comprendre que NOUS NE SOMMES PAS notre émotion. Nous avons tendance à dire « je suis en colère ». Il serait plus juste de dire « je ressens de la colère », car l’émotion ne fait pas partie de notre identité et ne nous définit aucunement en tant que personne. Les personnes dites « colériques » ou « mélancoliques » ont des difficultés majeures à gérer une émotion précise et se laisse traverser et emporter tout entière par elle, ne sachant que faire ni comment l’exprimer. Elles ont l’illusion, à terme, d’être cette émotion, car elles la ressentent constamment et si fort. L’émotion est comme en sommeil, prête à se réveiller à la moindre occasion.

Mais comprenons que tout le monde est amené, au cours de sa vie, à expérimenter la quasi-totalité de la palette des émotions même si certaines ont tendance à se présenter plus systématiquement que d’autre. Prenons donc de la distance par rapport à ces émotions. Je me répète, mais l’émotion se présente à nous pour délivrer un message. Elle est une information, en réponse à notre environnement et à ce que nous vivons. Dans son essence, elle peut donc apparaître et disparaître aussi vite. Tout dépend de ce que nous en faisons, et de comment nous la traitons.

Je vous rappelle notre mission : exprimer sainement la colère … Commençons donc par observer et reconnaître les premiers signes d’agacement en nous puis écoutons cette colère (ça marche pour les autres émotions d’ailleurs) afin de poser rapidement des actions. Qu’est-ce qu’elle me dit ? Quel besoin n’a pas été rempli ? Quelle limite a été atteinte ? Factuellement que s’est-il passé ? À quel moment j’ai senti mon corps se crisper, ma respiration s’accélérer et l’émotion monter ? Toutes ces questions sont des pistes pour mener notre enquête. Prenons celles qui résonnent le plus pour nous. Le plus important et de RECONNAÎTRE l’émotion quand elle se présente et de ne plus la dénigrer. Cela nous évitera des désagréments, cela donnera l’exemple à nos enfants et cela nous aidera à façonner un monde nouveau, plus humain, plus fonctionnel … où il fait bon vivre sans honte.

Que les choses soient claires, quand je propose d’écouter sa colère, je ne sous-entends en aucun cas, d’aller la déverser et de s’agacer à notre tour sur quelqu’un en utilisant un ton agressif ou exaspéré, voire « pire ».

Il est important de trouver une façon saine de la libérer. Dans mon cas, j’ai libéré ma tristesse en m’isolant dans mon bureau pour pleurer.

La colère fonctionne un peu différemment. Elle libère en nous une forte énergie (qui est un avantage comme nous l’avons vu un peu plus haut). Afin d’utiliser sainement cette énergie, il est donc important de se libérer de son surplus. Pour se faire, par exemple : isolez-vous et prenez un oreiller/un coussin pour crier ou taper dedans. Parlez à voix haute, sans filtre, de tout ce qui vous passe par la tête. Vous pouvez imaginer avoir une discussion avec la ou les personnes concernées, mais attention, toujours à voix haute et tout seul ! On est là pour libérer pas pour faire tourner nos pensées en boucle ! Vous pouvez combiner cela à la méthode EFT afin de vous apaiser. C’est d’ailleurs ce que je vous conseille. Vous pouvez aussi, dans autre registre, mettre de la musique et danser à fond pendant 5min, aller courir, sauter partout, faire l’exercice du tigre (Dr Tall Schaller), ou si vous êtes près de la nature, vous promener, respirer à fond, ramasser des cailloux pour les jeter fort et loin … Tout est juste tant que vous vous écoutez et encore une fois que vous le faites seul et en respectant votre personne.

 

. Comment exprimer de manière constructive ce que nous avons à dire ? .

Une fois l’émotion reconnue et libérée sainement, je suggère ensuite de nous exprimer, sans attendre, en mettant le ton « juste » et en choisissant avec attention les mots que nous utilisons …

Au travail, plus spécifiquement, n’hésitons pas à appeler nos cadres d’astreinte, nos managers, et à envoyer par mail, le jour même, les faits qui ont généré ces dysfonctionnements. Cela permettra, si notre direction est dans cette dynamique, de réfléchir et poser des actions en amorçant, si besoin, une réflexion d’équipe. Attendre ne fait qu’attiser notre colère.

Je me permets d’insister sur la notion de « faits ». Évitons toute interprétation ou généralisation. Les faits seront entendables et objectifs, bien plus que des propos involontairement ou volontairement déformés par la colère. C’est pourquoi faire remonter les faits calmement et si possible le jour même est important pour la justesse de la retranscription.

Pour éviter de nous sentir en colère, répétons-nous inlassablement, tel un mantra : « Nous faisons partie de la même équipe … Nous sommes dans le même camp ». Car lorsque l’on pense que les autres s’en fichent et qu’ils ne sont pas touchés par ce qu’il se passe (…) cela risque de générer de la colère.

Au fond, que savons-nous réellement des intentions des autres ? Laissons-leur le bénéfice du doute et maintenons une posture professionnelle et constructive, en nous exprimant et en étant force de proposition !

 

L’idée est donc d’exprimer sainement nos difficultés au fil de l’eau pour qu’ensemble nous trouvions des solutions. Ne sommes-nous pas plus forts et plus efficaces à plusieurs ? Le brainstorming, la créativité, la spontanéité, le dynamisme, le courage ne permettent-ils pas de déplacer des montagnes et de changer la réalité ? Et si nous commencions humblement par-là ! Car soyons honnête, comment voulons-nous que la situation évolue si nous ne disons rien ou que nous minimisons les choses ? En procédant ainsi, nous nous coupons l’herbe sous le pied. Nous biaisons les règles du jeu dès le départ. Nous bloquons la possibilité d’avoir une réponse à la hauteur de nos besoins et de nos attentes. Je suggère donc de prendre nos responsabilités et de dire les choses, pour nous permettre de travailler dans de bonnes conditions.

Et si malgré tout cela les conditions ne sont pas favorables à notre bien-être, que nous avons fait notre part du job et que les choses n’évoluent pas, pourquoi alors ne pas changer d’entreprise, de structure, de travail ? Nous gagnerons tellement à nous respecter davantage : en bien-être, en énergie, en santé psychique, physique, etc. Par conséquent, nous exercerons une influence beaucoup plus favorable à l’endroit où nous serons (au travail, au sein de notre famille, près de nos amis, de nos voisins, etc.).

 

Pour conclure voici les paroles de Virginie Lascension, données lors d’une intervention sur le  Canal HAPEDays de Lydie (merci à elles !) :

« Tout va te pousser à t’aimer toi-même. Si tu te connais plus : tu te respectes plus. Si tu te respectes plus : tu te conduis mieux. Ça t’amène à vouloir être mieux … à te comporter de la meilleure façon … tu vas donc t’aimer plus … tu vas donc te respecter plus. Si tu te respectes plus, les événements qui t’arrivent sont plus respectueux avec toi. Donc les relations qui arrivent à toi sont plus respectueuses … ce respect engendre un meilleur comportement … tu vas discerner ce qui est bon pour toi, ce qui n’est pas bon pour toi et tu vas donc décider, faire des choix en fonction de ce respect de toi … Et ça, c’est l’amour … et donc le respect.

La conséquence c’est que tes pensées sont différentes parce que tu vas penser d’abord au meilleur, à ce qui va te faire du bien. Est-ce que là je suis heureux ? Est-ce que là je me comporte bien ? Est-ce que là ma famille est heureuse ? Est-ce que je prends ma place ? Est-ce que je joue le bon rôle ? Est-ce que je me donne suffisamment d’amour pour moi, mon corps, mon mental ? Etc.

Ça peut paraître égoïste, mais ça ne l’est pas parce que si chacun fait ça (penser à ce qui est mieux pour lui), dans la vie au quotidien ça va faire une famille plus unie, plus calme, plus en amour, plus en paix, plus forte.

Après, quand tu as ça, dans ton travail tu vas forcément mieux (tu vas avoir un travail qui te correspond), tu vas avoir une attitude beaucoup plus paisible, beaucoup plus ouverte avec les autres donc les autres seront plus tolérants. L’univers va te renvoyer des expériences d’amour donc plus de joie, plus de sacré, plus de réussite parce que du coup tu es mieux, tu es plus toi, tu es plus aligné, tu es plus en en rayonnement donc forcément tu dégages ça donc ça te revient fois dix (c’est exponentiel). Et donc plus tu vas donner parce que tu vas être super heureux et donc plus tu vas recevoir, etc.

Tout ça, ça s’appelle écouter son cœur et ça change un collectif, ça change une société ».  

Je trouve ces paroles très inspirantes. Et si c’était comme ça qu’on pouvait changer le monde ? À nous de jouer !

 

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QUI SUIS-JE ?

Angéline Lamblot, neuropsychologue depuis 10 ans, je vous partage mon expertise, mes astuces et mes conseils pour utiliser pleinement les capacités de votre cerveau !

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